[REVIEW] ‘Joker Folie À Deux’: Une Conclusion Clownesque et Anti-Climatique ?
Le film ‘Joker: Folie À Deux’, la suite du film événement ‘JOKER’ (2019) est sorti en ce début d’octobre. Réalisé par Todd Phillips, on y voit le retour de l’acteur oscarisé Joaquin Phœnix dans la peau d’Arthur Fleck. Accompagné de Lady Gaga en Harley Quinn.
Tandis que le film se retrouve au milieu d’une avalanche de réactions, le tout accentué par un démarrage plus que décevant au box-office et qui pourrait faire perdre entre $150M et $200 millions de dollars à Warner Bros., qu’en est-il réellement de cette suite (in)attendue ? On en discute dans cette review/analyse avec spoilers.
L’ombre de lui-même
Alors que le premier film se clôturait pourtant sur deux mots très clairs (‘The End‘)… Warner Bros. a décidé de donner le feu vert au réalisateur Todd Phillips pour une suite et de quadrupler le budget de la production. Car après tout, pourquoi se priver d’un nouveau potentiel milliard de dollars au box-office ? Ce n’est pas comme si le premier était apprécié pour son aspect standalone unique, son ambiance sordide et pesante ou bien sa fin lourde en conséquences. Un deuxième opus qui va à contre-courant en brisant ces codes n’en sera que plus apprécié… n’est-ce pas ?
‘Joker: Folie À Deux‘ suit donc le procès d’Arthur Fleck. Près de deux ans suite au chaos qu’il a provoqué à Gotham City. Désormais livré à lui-même, Arthur a trouvé une nouvelle façon de s’évader: par la musique. Mais il s’apercevra très vite que s’il manque de suivre le rythme de cette musique, il n’en deviendra que son instrument.
En effet, au-delà d’apporter un nouveau registre à la franchise, la musique joue un rôle dans la diégèse du film. Agissant comme une représentation de l’engouement qu’à le public pour le Joker… Arthur se forcera à entretenir ce lien à travers la chanson. Jusqu’au moment où il décide qu’il « ne veut plus chanter » et abandonne cette image du Joker. Le mouvement, lui, qui est alors devenu bien trop significatif continuera sans son initiateur.
Arthur Fleck a dissocié le Joker de sa personne. Et il a proposé une explication qui allait dans le sens contraire de ce que les gens attendaient et voulaient entendre de lui. Et c’est ce qui finira par causer sa perte. Joker n’est alors devenu que l’ombre de lui-même. Une ombre que la société retiendra plus que l’homme qui a contribué à la créer. Et ceci est explicitement montré dès l’introduction du film avec l’animation Looney Tunes-que « Me and My Shadow« .

Joker: No more ? La déconstruction du mythe
Comme précisé dans la précédente partie de l’article, le film déconstruit totalement le personnage du Joker. Là où le premier opus l’élevait presque à un rang de symbole… la suite fait complètement l’inverse et balaye l’iconisation de tout ce qui avait été instauré. On a presque le sentiment comme si Todd Phillips et les exécutifs de Warner Bros. n’ont pas assumés tout ce qui en a découlé dans la vraie vie (cf: les manifestations à Hong-Kong, Beirut, Liban…).
Ainsi avec cette déconstruction, vient également une nouvelle vision. Tandis que le premier film nous montrait comment Arthur perçoit la société… ‘Joker: Folie À Deux’ prend une toute autre perspective et se concentre sur le point de vue opposé. Au fil du film, nous suivons tout ce chaos médiatique et comment la société perçoit et profite du Joker. Et ce, sous tous aspects confondus. Certains en profitent pour faire du sensationnel, du profit, pour du divertissement. D’autres l’utilisent pour la notoriété qu’ils peuvent en tirer…

Cet effet reflète la réalité et traduit la façon dont l’actualité du moment est traitée. On l’on ne juge plus ces personnes par rapport à leurs crimes. Mais plutôt à ce qui peut expliquer pourquoi ils les ont commis. Et tout l’aspect « divertissement » encourage certains à developper une forme de pitié ou d’affection et d’inévitablement atténuer l’importance de leurs actes et des victimes touchées. Au fil du temps, nous avons pu constater des cas de médiatisation similaires. Jeffrey Dahmer, les frères Menendez ou plus récemment avec l’affaire Johnny Depp/Amber Heard… Les exemples sont nombreux.
Ce n’est ni une catastrophe (ni même un chef-d’œuvre), car comme on a pu le voir, le film a tout de même de quoi raconter et aborde des sujets pertinents, reflétant l’actualité du moment. L’émancipation du mouvement sur son initiateur, la transformation de la perception du divertissement, le profit dans le sensationnel, l’adulation des meurtriers, de leurs drames et de ses détails sordides…
Une Harley pas très Gaga
L’addition de Lady Gaga en Harley Quinn dans le film peut sembler intéressante au premier abord mais malheureusement, aucune de ces scènes n’est réellement marquante. Sa présence sert davantage l’aspect musical que le scénario. Néanmoins, le contraste intéressant que l’on peut noter au long du film, c’est Harley « Lee » devient beaucoup plus impliquée dans le mouvement tandis qu’Arthur bat en retrait.
Cela se traduit par l’intensité du maquillage et des habits portés.

La suite anti climatique surfant sur un succès déchu avec une fin à mourrir… de rire ?
Bien que ‘Joker: Folie À Deux‘ brille par sa mise en scène et par son esthétique poétique, le film manque de trouver un équilibre entre le ton et l’histoire qu’il veut raconter.
Sur le papier, l’idée d’inverser le rapport de force peut être intéressante, seulement le film se repose beaucoup trop sur ses acquis. Et de fait, peine à trouver son identité propre en reproduisant de façon presque caricaturale tout ce qui a précédé. Et même si cela peut sembler voulu, je ne suis pas fan de cette déconstruction.
En bref, je trouve que cette suite était dispensable et que pour ce qu’elle raconte, on pouvait déjà l’imaginer avec la fin du premier film. D’autant plus que l’élément choc prime ici, avec sa fin déroutante et douce-amère, qui ne cesse de me demander: Tout ça pour ça ? Un peu décevant et surtout anti-climatique.
Bien qu’il réussisse à montrer une nouvelle facette de son « protagoniste », le film se construit à partir de l’ombre de son précédent opus. Et c’est à la fois ce qui peut être considéré comme méta face à ce que le film veut raconter, tout comme un aveu de paresse.

Côté sortie en octobre chez DC, on peut au moins se consoler avec l’excellente série ‘The Penguin‘ et la sortie du film documentaire Superman de Christopher Reeve.
C’est la fin de cet article, merci beaucoup d’avoir lu. N’hésitez pas à vous abonner pour ne rater aucun nouvel article et à donner vos impressions et vos avis en commentaires. À la prochaine !